P'tit Livre

Au détour des allées de mon dealer de livres habituel, un drapeau coloré a attiré mon regard.. Un p'tit livre, un p'tit guide, de plus d'une centaine de pages, et pour la fort modique somme de ..deux euros !!
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Ce livre ouvre sur une présentation signée ..Jack Lang ! "Le" Jack Lang à jamais estampillé ministre de la Culture, et Fête de la Musique :) Certes, vous qui me connaissez, vous savez que je me garde bien de parler de mes opinions politiques, excepté que je ne suis pas et ne serai jamais gauchiste..

« Comment un choix de la vie intime, qui ne porte préjudice à personne et qui de surcroît donne du plaisir à ceux qui le pratiquent a pu déclencher une telle hostilité tout au long de l'histoire occidentale? Pourquoi cette forme d'amour a-t-elle pendant si longtemps dérangé la société au point de punir de mort des personnes libres et consentantes? Pourquoi, même après l'abrogation des textes criminalisant l'homosexualité, les démocraties modernes peinent-elles à banaliser l'orientation sexuelle et continuent à opérer une différenciation entre couple hétérosexuel et couple homosexuel ? »

« Ce petit volume n'a pas la prétention de répondre à ces questions, il propose aux lecteurs quelques éléments qui permettent de mieux comprendre l'évolution du traitement moral et juridique de l'homosexualité. Une intolérance religieuse - variable selon les dogmes, les pays, les époques - a fait du désir pour les personnes du même sexe un péché si grave que seules les flammes du bûcher permettaient de purger le mal qui non seulement rongeait le sodomite en tant
qu'individu mais aussi la communauté au sein de laquelle il avait commis son crime. »

« La sécularisation de la société n'a pas réellement engendré de tolérance plus grande à l'égard des homosexuels, hommes et femmes. La liberté tant célébrée au siècle des Lumières trouvait ses limites dans la sexualité. Ainsi, un philosophe comme Voltaire qui a ardemment incamé la lutte contre l'intolérance, se montre mal à l'aise et confus sur le sujet, se contredisant souvent et n'hésitant pas à parler d' "attentat contre la nature destructeur du genre humain". Rousseau dans le livre IV de l'Emile donne l'exemple du lesbianisme comme la preuve de la corruption des moeurs. Il est d'ailleurs symptomatique que les penseurs peinent à sortir du champ lexical péjoratif créé par l'Église, celui du péché de sodomie (sodomiste, sodomite, sodomitique) ou de la dépravation de moeurs barbares, ou "bulgares" (bougres, bardaches, bardachins...). On tente au mieux de se référer à d'autres civilisations : on évoque pudiquement les amours socratiques. »

« Seul, en France, Diderot affirme que ce qui est "contre nature" ce sont les institutions et ses règles hypocrites interdisant les libertés de la vie sexuelle et notamment les amours du même sexe. À la dichotomie "vice/vertu" propre au registre religieux, le scientisme du xix" siècle a opposé le binôme "normal/pathologique" en inaugurant ainsi une nouvelle ère d'intolérance. Elle est d'ailleurs marquée par l'émergence du néologisme "homosexuel", terme pseudo scientifique mâtiné de grec et de latin. Désormais, ce n'est plus le sodomite qui est mis au banc de la société mais l'inverti, "l'homosexuel" marqué non pas par le signe du péché mais par le stigmate de la corruption psychologique et morale. Si, pour certains, la pathologisation de l'homosexualité servait d'argument pour la faire sortir du registre du crime et du délit, il n'en reste pas moins que la "raison médicale" a constitué un extraordinaire renouvellement idéologique permettant de justifier l'hostilité envers les homosexuels. Cette médicalisation de l' "homosexualité" n'a pas été un obstacle au retour de la répression légale, au contraire elle l'a parfois justifiée. En effet, après la pénalisation de l'homosexualité effectuée en France sous le régime d'Occupation du maréchal Pétain, la droite démocratique a, à plusieurs reprises, durci le dispositif répressif contre les gays et les lesbiennes. »

Et là, le Mitterrandien (-iste ?) ne peut s'empêcher de nous présenter la droite comme le "camp des méchants".. Remarquez, même après une décennie, je n'ai pas oublié les agissements impardonnables de la mère Boutin (lors des débats sur l'instauration du PaCS), qui quoi qu'elle fasse restera à mes yeux une individue détestable. Bref.. Les deux principales promesses du candidat Mitterrand ont été la dépénalisation de l'homosexualité, et celle des radios FM. Promesses tenues, nous rappelle Jack Lang.

Cerise sur le gâteau, la communauté trans-* n'est pas oubliée,
témoin ce (trop petit) paragraphe :

« Les questions liées à l'identité de genre constituent aussi un enjeu majeur. Il faut une reconnaissance sociale et politique du transgénérisme et de la transsexualité : cela passe notamment par la suppression du transsexualisme de la liste des maladies mentales, où figurent enore les troubles de l'identité de genre. Par ailleurs, nous avons le devoir imprescriptible de garantir aux personnes concernées la protection sociale et juridique qui leur manque cruellement aujourd'hui. Il faut également étudier la création d'un protocole unique de changement de sexe, cohérent, contrôlé et acceptable par tous. Il faut également reconnaître la dysphorie de genre : cela veut dire permettre librement l'adoption d'un prénom d'usage par les personnes concernées, avec rectification définitive des documents administratifs et d'identité sur le sexe et le prénom. »

Après cet intéressant "planté de décor", commence l'ouvrage du chercheur Daniel Borrillo. De "rite initiatique", l'amour homosexuel (essentiellement masculin, d'ailleurs), devient "grâce" aux religions monothéistes, christianisme essentiellement, une répugnance ne méritant que le bûcher.. Une compilation des "meilleurs textes" sur ce thème prolonge d'ailleurs l'ouvrage.

« Conclusion : 11. L'Eglise enseigne que le respect envers les personnes homosexuelles ne peut en aucune façon conduire à l'approbation du comportement homosexuel ou à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles [..] [03/06/2003] Joseph Card. Ratzinger »

Mais revenons aux choses sérieuses, laissons les religieux faire leur boulot, lequel consiste (exclusivement) à nous épauler dans notre chemin personnel vers la lumière de Dieu, ce quel que soit le nom sous lequel nous le cherchons, et surtout pas se mêler des manifestations physiques de l'amour que se portent deux êtres mutuellement épris.

Dès la page 64, et jusqu'à la fin de l'ouvrage, l'état actuel (enfin, Janvier 2007) des lois, en France, en Europe, dans nombre de pays "civilisés", puis pour finir un résumé des peines encourues dans les pays encore rétrogrades. On y apprend par exemple qu'au Botswana, au Nigéria, au Mozambique, au Kenya (la liste est longue) l'homosexualité masculine est sévèrement punie alors que le lesbianisme reste légal (ou nié ??)..

Conclusion: deux euros, c'est vraiment pas cher payé pour ce "must have", certes résumé (vu le format très "pocket") . N'hésitez pas à vous le procurer.

-MyLzz59-

Rem: dans la même collection, un ouvrage sur les Droits des Femmes. Qui s'y colle ?