Le week-end de la Toussaint est traditionnellement l'occasion collective d'aller honorer nos disparus. L'occasion pour d'aucuns de se dédouaner à renfort de pomponnettes sur le caveau d'avoir passé le reste de l'année sans la moindre pensée pour lesdits disparus, comme si le m'as-tu-vu fleuri pouvait redonner bonne conscience, au moins jusqu'à la prochaine Toussaint (tss..)
Se souvenir de ses chers disparus, ceux qui n'existent plus qu'au fin fond de son coeur et sur des photos qui peu à peu jaunissent, c'est aussi se souvenir de ce que l'on a vécu auprès d'eux..
Comment pourrais-je dissocier le souvenir de mes parents, tous deux disparus depuis plusieurs années, de la maison dans laquelle j'ai vécu mon premier quart de siècle, cette maison de famille qui a abrité ces années heureuses, faites de p'tits bonheurs simples, d'une vie somme toute "banale", et pourtant formidable. Certes, j'ai depuis reconstruit une famille, avec ma p'tite femme, et notre Miss, mais je ne puis aujourd'hui encore me retourner sur cette période sans fondre en larmes..
Ma petite enfance, mon Papa qui était déjà parti à la Mine lorsque je me levais, et me préparais pour aller à la petite école du village, juste au bout de la rue. Ma Maman qui m'y accompagnait, qui revenait me chercher pour le repas du midi, à la Maison. Mon Papa que je retrouvais le soir après l'école, mes deux parents qui se relayaient en fonction des devoirs..
Les jeux dans le jardin, la balançoire, la piscine gonflable, les copains et copines, enfants des voisins.. Le cerisier et ses fruits si rouges et si juteux, la rangée de lilas, les pieds de lavande. La pelouse parsemée de groseilliers et de framboisiers, cet énorme sapin qui a fait son entrée chez nous à l'occasion d'un Noël, avant de coloniser l'extrémité du jardin..
Le garage qui a poussé de l'autre côté du jardin, qui a remplacé celui de la rue de derrière, l'espace étroit entre lui, et celui du voisin, nouvelle cabane après les lilas. Le moulin en plastique, les pots de petits suisses cimentés au bout de tiges métalliques, étonnante plante décorative dans le pot ornant la table de jardin.
Le poulailler aussi, le clapier qui en garnissait le fond, où proliféraient ces bestioles fidèles à leur réputation. Le berger allemand habitant de la véranda, les filets à papillons qui en ce temps n'étaient pas encore rares..
Vinrent le collège, puis le lycée, tous deux dans la grande ville, à quelques kilomètres de là.. Mon Papa, entre temps, à la suite d'un infarctus qui s'est bien terminé, est parti en préretraite, et m'accompagnait en voiture lorsque je ne prenais pas le bus. Cette voiture, c'était Taunie, sur laquelle je faisais mes premières armes, en conduite accompagnée, mon Papa à côté de moi, en direction du lycée.
Ma première envolée du nid, la chambre des études en Grande Ecole (d'ingé..) Le coup de téléphone rituel du soir, à l'une des cabines proches, le retour au nid pour le week-end. Un soir, le coup de téléphone qui m'apprend que ma Maman est à l'hôpital. Col du fémur, puis maladie nosocomiale. Elle remarchera un peu, avec des béquilles, puis finira en fauteuil. C'est ce fauteuil qui décida mon Papa à changer de voiture (et ainsi que je récupérai Taunie). Ma Maman s'éteindra quelques années après, fatiguée de n'avoir pu guérir..
Peu après, des obligations me forcèrent à déserter le nid. Direction le Bordelais (où j'allais rencontrer ma p'tite femme), puis Montpellier, et enfin la région parisienne. La Maison familiale s'ensommeilla donc, mon Papa passant brutalement de chef de famille à veuf solitaire. Une mauvaise pente dont nous eûmes l'idée, ma p'tite femme et moi, de le sortir, en l'incitant à partager sa solitude auprès de la tante de ma p'tite femme, veuve aussi, dans le Bordelais. Il vécut ainsi ses quelques dernières années, avant de nous quitter brutalement, une nuit peu avant Noël..
La Maison de famille prit alors en quelque sorte le statut de résidence secondaire, ne retrouvant un peu de vie que quelques semaines par an, lorsqu'eux ou nous, y revenions nous ressourcer..
Quelques temps après le décès de mon Papa, nous avons vidé de ses meubles la Maison de famille, et engagé des travaux de rénovation intérieure, j'espérais sottement pouvoir la garder, avec le faux espoir de peut-être un jour y revivre un peu de mon passé. La location fut une catastrophe totale, à laquelle on ne me reprendra plus, qui se solda par la vente de cette Maison. Je ne m'étendrai pas plus.
"Quatre Murs et un Toit" - Bénabar
Bénabar, faut-il le présenter, est l'un des chanteurs phares de "notre" génération, celle des "adulescents" trentenaires/quarantenaires, de ceux qui ont vécu les shows des Carpentier, et le Club Dorothée, Goldorak et Candy, et sont encore capables de se réunir pour chanter le générique de L'Ile aux Enfants ou du Chantal Goya, lors d'Afters au sortir du boulot. Bénabar a d'ailleurs interprété une chanson hommage "Maritie et Gilbert Carpentier", en 2005, sur l'album "Reprise des Négociations", celui où figure le célèbre "Dîner (on s'en fout, on n'y va pas, on n'a qu'à se cacher sous les draps..)"
Sur ce même album, se cache un titre que je ne peux écouter sans me transformer en fontaine de la même façon, tant le texte "colle" à ce que je viens de vous évoquer. Un magnifique texte que voici..

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5 Commentaire(s):
On comprend ton attachement à ta maison.. cependant, c' est la roue qui tourne ... comme la chanson qui illustre ton article ...
Je ne connais pas Benabar (enfin si, mais pas ce qu'il écrit) ..mais ce qu'il y a là est tellement vrai! Je ne suis pas nostalgique, mais je commence à penser que je ne vais pas tarder à voir partir mon fils pour études...ça me fait "drôle"...(on ne peut pas dire qu il me tarde) c est la roue qui tourne...
Bisous Mylène..
Merci pour ton article.:*
Quand à la maison de ton enfance, je dirais juste que tu as la chance d'en avoir eu une.
J'adore cette chanson de Bénabar qui me tire aussi une petite larme à chaque fois que je l'entend parce que je voudrais tellement le vivre.
kiss
Je suis sortie de ma "retraite" le temps de "commémorer" à ma façon ce souvenir de nos défunts :(
Un texte riche en révélations, oh vi, peut-être aussi un abcès à crever..
A Delph': je suis de tout coeur avec toi, même si j'ignore ce qu'il faut entendre sous tes propos. Je te connais à peine, mais déjà assez pour être convaincue de ta valeur.
Sache que tu ne peux que le vivre, et ce sera avec la femme de ta vie :* Question indiscrète, avez-vous songé à un enfant, dans l'avenir ?
A Taz: Ben vi, ils s'envoleront, tout comme s'envolera notre Miss, lorsque le temps sera venu. Ainsi va la vie, nous n'élevons pas nos enfants (sauf cas pathologiques, tss..) dans le but de les garder ad vitam.
Et nous restons là à espérer qu'ils ne nous oublient pas, alors qu'ils partent si occupés à construire leur propre vie, à espérer qui sait, qu'ils ne reproduisent pas les erreurs que parfois nous nous reprochons, lorsqu'il est trop tard, et souvent à tort, quand on prend conscience qu'aucun retour en arrière n'est plus possible.. C'est lorsque nos parents ne sont plus là, qu'on réalise tout ce que l'on a peut-être manqué, en se disant qu'on avait le temps :'( Alors ne restent plus que des regrets, des plaies qui demeureront à fleur..
Je vous renouvelle des :* et vous laisse avec ces quelques paroles d'une autre chanson, "Embrasse-la", de Pierre Bachelet :
<< Et quand je vais la voir chaque semaine
Qu'elle lit dans mon regard ma vie mes peines
Elle se fait d'un dîner une tendre fête
Mais en pensant demain peut-être
Je partirai..
Embrasse-la, Chante-la, Protège-la
Elle a les yeux et le cœur lilas
Embrasse-la, Chante-la, Protège-la
Elle a les cheveux en hiver déjà >>
-MyLzz59-
"Je te connais à peine, mais déjà assez pour être convaincue de ta valeur.
" Wouaw, Merci du compliment, ça me touche beaucoup.
En fait j'en dirais autant de toi. J'apprecie ta sensibilité, ton humour, ta plume.
Réponse directe : OUI ! mais pas pour tout de suite. Il faut être un peu raisonnables (on n'a pas encore fêté nos 1 an) et puis ça prend du temps tout ça.
Au fait, pourquoi cette question ? pure curiosité ? lol.
Effectivement je n'ai pas encore d'enfant mais j'en suis une alors je dirais que les enfants n'oublient jamais leurs parents Mylzz. Quelque soit la situation, même s'il y a des conflits ou une rupture, ils feront toujours partie de nos vie.
Tchô ;)
Que te dire.. Que nos situations ont des points communs ?
Je réitère mon propos, je te connais à peine, et c'est pourquoi je cherche à te connaître un peu mieux, il n'y a rien de plus à comprendre :) Mais je campe sur mon opinion de toi ;)
Grand merci de ton compliment également :*
Bisous Delph' :*
-MyLzz59-
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